trois minutes pour écrire le poème

Trois minutes pour écrire le poème qui m’habillera ce soir,
redressera mon corps dans le miroir.

Trois minutes pour marquer d’un trait la paroi d’un âge qui me reste insoumis.

Deux minutes pour en rire; décidément la vie est une farce géante
au pays lillipute
(et nous craignons ses bottes et sa grande bouche d’ogre).

Deux minutes, une minute, des poussières,
pour en faire une farce minuscule,
un joyau égaré dans le gravier des heures,
une Poucette délurée dilapidant ses cailloux
à qui voudra les trouver;
une farce minuscule, ma vie,
au pays des géants,
et quelques secondes de plus pour signaler son passage,
hop hop
trois petits tours, le poème s’effiloche

et je file.