si je suivais ton vol
son tracé pointillé
dans la gaze de novembre
(un ciel levantin)
si je suivais ton vol
en suspendant mon souffle
à tes ailes qui le brassent
et en battant réveillent
le sang presque tiède et les rires éteints
et si je le surprends
la nuque renversée et les paupières tournées
y enlace la langue
brouille les lignes et rature
les mots en souffrance et les adieux fêlés
si je suspends mon vol
pour que tu le prolonges
oiseau
pour que tu le prolonges
par delà les murs hérissés d’hyperboles
par delà les crissements des craintifs affolés
et les semelles de plomb et les aveuglements
en te moquant du monde et de ma voix cassée
oiseau
serais-je enfin là
où le rouge se rallume
où peut luire dans nos mains
rien
– que la joie de ne faire que passer
Jérusalem 2018